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samedi 15 octobre 2011

Stage en M.A.S.

Une semaine de passée à la M.A.S..

Quand je suis arrivée le premier jour, j’ai vu toutes ces personnes handicapées, les larmes me sont montées aux yeux. J’étais dégoutée par leur physique, leur attitude. J’ai pensé « je ne pourrais jamais passer 10 semaines ici ! ». L’horreur. En plus, presque aucun soin infirmier !


La résidence se divise en 3 unités :
-          l’unité rouge : les handicapés mentaux
-          l’unité jaune : les polyhandicapés.
-          l’unité orange : les personnes à handicap acquis (suite à un accident, un AVC...)
C’est décidé, l’infirmière m’envoie travailler dans l’unité jaune. Super !!! -__-

Le lendemain, à mon arrivée à 6h30 dans le service, je suis surprise. Seulement deux aides-soignantes dans le service. A peine 5 minutes passées avec elle, et je me rends compte que même si j’ai du mal avec les patients, je me sens bien avec les filles du personnel ! Contrairement au milieu hospitalier, elles ne s’entretuent pas entre elles, et ne passent pas la journée à se plaindre.

Petit résumé du service : une grande salle de vie commune toute pleine de couleurs, deux grandes salles de bain, une cuisine et les chambres des résidents, toutes personnalisées.
A peine deux heures passées ici, je m’attache aux résidents. Ce sont finalement de grands enfants ! Certains ont trente ans, mais n’en font que huit.  Certains ne parlent pas, certains ne marchent pas, certains ne peuvent même pas manger. Mais ils sont attendrissants,  et je prends  du  plaisir à m’occuper d’eux !

Toutes les journées de cette semaine ont été ponctuées par de nombreux évènements, comme les crises d’épilepsie d’Hugo (dont une de quarante minutes), les caprices de Sophie,  les batailles de  nourriture entre collègues,  etc.…






Dix semaines se sont écoulées... Et malgré tous les malheurs qui me sont arrivés, je suis toujours en vie !

  • Premièrement, la M.A.S est un endroit maudit... pour ma voiture. Un accident, deux pannes, et tout ça durant les deux premières semaines... Bizarre quand même !
  • Après s'être masturber (en plein milieu d'une période de règles...), Marie-Gaëlle m'a mis un doigt dans l'oeil... Je n'arrive pas à m'en remettre...
  • Jean-Michel me dit une vingtaine de fois par jour : "Je t'aime Vavie, d'amour !". Ca aurait pu être SUPER mignon s'il n'avait pas une érection à chaque fois que je lui change sa couche, même en période de forte diarrhée... Je ne sais pas comment le prendre...
  • Hugo a trouvé un autre passe-temps aussi marrant que ses crises d'épilepsie : me cracher dessus quand je lui donne à manger (je ne comprends pas pourquoi nos tenues sont blanches...). 
  • Les filles de mon équipe auraient pu me prévenir que Sophie avait des mycoses partout avant que je ne lui masse le dos sans gants... 
  • Les phrases types de Paul, dites TOUS les jours : "T'es un monsieur toi ! Non ? Une madame ?", "Il va venir papa Noël ?", "J'ai pris ma douche moi hein !", tout ça avec un grand sourire en secouant les mains. 
  • Les escarres au sacrum de Florence dans lesquels je devais enfoncer mon doigt pour bien les nettoyer.
Parlons plus sérieusement. Ce fut un stage "fort en émotions". Ces résidents que plus personne ne vient voir, à qui on ne donne même pas d'argent de poche pour qu'ils aient des cadeaux à Noël ("ils sont handicapés, ils ne s'en rendront pas compte !"), cette jeune fille de 20 ans atteinte d'un locked-in-syndrome qui ne peut communiquer qu'avec les yeux et qui pourtant a toute sa tête ! ...

Bref, les partiels arrivent, j'me sens beaucoup moins bien tout à coup !





mardi 23 août 2011

La chirurgie orthopédique : le pied !

Après avoir fait le tour du service ambulatoire (oui, 5 semaines à prendre des tensions, c'est long !), on m'envoie en service de chirurgie ortho-neuro-plastie... Hum quel mot barbare ! Jamais entendu parler... Un service où l'on répare des nerfs au niveau des membres ? Encore tout faux ! C'était en fait un service de chirurgie orthopédique où l'on faisait également de la neurochirurgie (pas des trucs de ouf hein ! Que des moelles...) et de la chirurgie plastique (prothèses mammaires, liposuccion). L'excitation est à son comble ! Je vais enfin pouvoir faire des choses plus intéressantes que coller des étiquettes sur les dossiers des patients !

Pleins d'infirmières dans ce service, toutes aussi surbookées les unes que les autres... Et un infirmier. Rémi. A peine sorti de l'école. Doué, beau, gentil, professionnel... Rien de mieux pour apprendre en s'amusant ! 


Premier jour. Je ne suis pas encore très à mon aise. Trop de personnel dans ce service, je ne retiens pas les noms, je ne sais plus qui je dois tutoyer, qui je dois vouvoyer, je passe mon temps à répéter "Bonjour, Flavie, étudiante infirmière en 1ère année !", trop de patients (une trentaine de chambres), trop de tout !
Justine (une aide-soignante très... spéciale) me demande d'aider Monsieur A. à se laver et à s'habiller. Monsieur A., la cinquantaine, chef d'entreprise, hospitalisé pour une intervention au niveau de l'épaule. 
"Bonjour Monsieur ! Avez vous besoin d'aide pour votre toilette ?" Tu m'étonnes qu'il ait besoin d'aide ! C'est pas tous les jours qu'une gamine de 20 ans en blouse blanche peut lui frotter le dos ! Il accepte avec plaisir, je l'accompagne jusqu'à la salle de bain, et lui lave toutes les parties du corps auxquelles il ne peut pas accéder. 
"Sonner quand vous avez fini, je vous aiderez à vous habiller !"
J'y retourne donc, quelques minutes plus tard. Il était en slip sur son lit, en mode "dieux du stade", un bon sourire aux lèvres.
"Je n'arrive pas à mettre ma chemise avec cette atèle ! Vous pouvez m'aider ?"
Je commence donc le périple de l'habillage
"Quel âge avez vous ? me demande-t-il.
- J'ai 20 ans.
- Et bien, mademoiselle, vous êtes bien jolie ! Si vous arrivez à mettre cette chemise sur moi, je vous invite à dîner !"
Le dilemme... Je finis de l'habiller, ou je simule un malaise ??!
Sympa comme accueil pour un premier jour !


Le rythme de travail était dur à tenir pour une flemmarde dans mon genre. Finies les journées de 8h. Bienvenue en chirurgie : 12h de travail par jour (avec une pause d'une demi heure le midi...). Bon, une journée comme ça, ça passe. Deux, ça devient dur. Au bout de trois jours de suite, c'est la catastrophe assurée.
"Flavie, tu peux venir dans la chambre de Mme L. s'il-te-plait ?". Arrivée dans la chambre, de l'urine partout le lit... "Flavie, tu as mis le bassin de la patiente à l'envers... Tu nettoies hein !"...

Les soins s’enchaînent, les infirmiers ont très peu de temps à me consacrer. Mais quand ils le prennent, je saute sur l'occasion.
"Flavie, tu as déjà fait un pansement ?" Euh, oui, sur les cloques quand j'achète de nouvelles chaussures...
En théorie, un pansement, ça n'a pas l'air compliqué ! Quoi de plus simple que de désinfecter une plaie et de mettre des compresses par-dessus ? En pratique, c'est différent.
"Flavie ! Tu as passé ta main au dessus du champ stérile ! Tu n'as plus qu'à recommencer !"
"Non Flavie, avec ce docteur là, on désinfecte à la chlorhexidine, pas à la bétadine !"
"Alalah ! Tu ne comprends rien, il faut d'abord désinfecter le tour de la plaie, et ensuite la plaie elle-même"
"Ah mais non, là tu sais bien, c'est le contraire ! La plaie, puis le tour !"
"Tu as mis ta main trop près de la poubelle..."
"Attention, tu mélanges ta pince-plateau et ta pince-patient !"



De plus, étant la fille la plus maladroite du monde (oui, vous vous dites sûrement "heureusement qu'elle n'a pas réussi médecine, elle aurait été dangereuse en tant que chirurgien !"), je ne manquais jamais de faire tomber mes compresses, d'éclabousser tout mon chariot de bétadine, de tirer malencontreusement sur les perfusions (Aïe !)...
Une fois la technique en main, en plus de me charger de toutes les insulines du matin, je faisais également le tour de la plupart des pansements. Pas le temps de s'ennuyer !
On m'a également demandé de faire la distribution des médicaments le matin.
Les traitements sont préparés par l'infirmier de nuit pour chaque patient, mais il faut quand même vérifier s'il n'y a pas d"erreur avant de les donner. Je vous décrit le contexte :

  • Des petites boites remplies de pilules et de cachets sans leur emballage (donc impossible de savoir quel est le médicament...)
  • Des génériques à gogo à n'en plus rien comprendre
  • Une très soigneuse écriture de médecin en forme d'électrocardiogramme (c'est tellement plus marrant quand il faut déchiffrer !!!)
J'adore ! Je n'y comprends rien ! J'ai peur de tuer un patient à chaque fois que je rentre dans une chambre en lui donnant un truc qu'il ne faut pas (que Dieu me protège, ainsi que les patients du service dans lequel je suis...).

Quand on m'avait annoncé dans quelle clinique et dans quel service je serais, je me suis dit "super ! Les patients seront moins vieux et moins malades qu'en maison de retraite ! Je vais pouvoir entretenir une certaine relation avec eux !"
Effectivement, je suis tombée sur des patients vraiment sympas ! Mais d'autres...
Mme K, atteinte de lombalgies aiguës...
"Aïe !!!!!!!!!! J'ai mal !!!! Donnez-moi quelque chose..."
Je regarde dans son dossier. Il est indiqué qu'en cas de douleur, il faut lui donner un dafalgan codéiné. Je prends donc un comprimé et le lui apporte avec le sourire. Elle le regarde, et me le jette à la figure.
"Vous croyez vraiment que ça va me faire effet ce truc ??!! C'est honteux ! Donnez moi de la morphine !"
"Je vais voir ce que je peux faire..."
Je sors de la chambre et en parle à l'infirmière. "La prescription, c'est la prescription. Je ne suis pas médecin moi."
Ok... merci !
"Madame, je suis déééééééééésolée. Je ne peux vous donner que ça pour l'instant". Je pose le comprimé sur sa table, et sort très vite de la chambre avant de recevoir quelque chose de plus lourd sur la tête...
Quelques heures plus tard, l'infirmière me demande d'aller prendre la glycémie de cette gentille petite dame.
Je rentre dans la chambre, avec mon grand sourire habituel. La petite dame à l'air de me faire la tête !
"Vous allez mieux ? Je viens prendre votre glycémie !"
Pas de réponse... Tant pis...
"Vous me donnez votre doigt s'il vous plait ?"
Dans un élan de générosité, la petite dame me tend son doigt, le majeur ... Elle me regarde droit dans les yeux, sans rien dire, sans cligner des yeux, avec un de ces regards qui te disent "Je ne t'aime pas, je te déteste. Je crois même que je vais te défoncer...".
A-t-elle fait exprès de me faire ce signe ? Je n'ose pas vraiment lui demander, et continue le "soin" avec mon petit sourire crispé cette fois-ci...

Stage en service ambulatoire.



Après avoir passé ces 5 semaines en maison de retraite à laver le cul-cul de papi mamie, les partiels sont vite arrivés. Puis, sans m'en rendre compte, je me suis retrouvé dans un nouveau stage ! Cinq semaines en chirurgie ambulatoire. Je m'imaginais déjà dans l'ambulance avec le médecin, arriver sur le lieu de la catastrophe, réanimer la pauvre monsieur inconscient atterri à 50 mètres de sa voiture après un accident de la route... J'avais TOUT FAUX ! Le concept du service ambulatoire est beaucoup moins funky ! C'est un endroit où les gens viennent se faire hospitaliser dans la journée. Ils arrivent le matin, se font opérer, et repartent le soir. 

Les journées se déroulaient toutes de la même façon : arrivée du patient, prise des paramètres vitaux, remplissage des dossiers (avec questionnement du patient), puis plus tard, surveillance post-op et toutes les complications qui vont avec. 
Un stage passionnant ! Pleins d'opérations différentes ! Des dents de sagesse, des cataractes, des coloscopies, des canaux carpiens... Un plaisir !
Tout ça rythmé par la bonne humeur des ambulanciers qui ont passé la plupart de leur temps libre à me martyriser ! J'avais le droit aux : "Alors, elle est fatiguée la Francine (oui, charmant surnom) ce matin ? Elle a fait des cochonneries toutes la nuit ?". Très classe devant l'infirmière... 
Et le docteur B., un fantasme ! Je ne me suis jamais faite prier pour faire le tour des chambres avec lui le soir (je parle des chambres des patients bien-entendu !) ... Marié à une anesthésiste... Pensez aux infirmières merde ! Arrêtez de vous marier entre vous !

Pas beaucoup de soins à faire dans ce service. Surtout de la surveillance... Passer de chambre en chambre en surveillant qu'il n'y ait aucun mort...

Je me souviens d'un patient. Je prends un dossier au hasard le matin, Monsieur R. Je me sens toujours mieux avec des hommes. Les vieux papis sont toujours funs ! :)
Je rentre dans la chambre : et merde. Je n'avais pas pensé à regarder l'âge sur le dossier. Un jeune homme, très beau, de 22 ans... (un peu comme ça, tu vois... OMG ! )...
"Bonjour... Monsieur !" (t'as pas spécialement envie d'appeler quelqu'un de ton âge "monsieur" mais bon...).
"Bonjour...". Timide pour un si bel homme. Ça doit être l'effet blouse blanche !
"Je vais vous poser quelques questions afin de remplir votre dossier avant l'intervention. Alors, vous venez pour une... coloscopie, c'est ça ?". Ah meeeeerde, ça casse le mythe... Il ne pouvait pas être là pour un truc plus sexy ???!!
Puis suivent les questions que tu ne peux pas poser à un mec aussi mignon :
- Vous vous êtes mouchés ce matin ?
- Avez-vous uriné avant de venir ?
- Est-ce qu'il y a encore des matières dans vos selles ou est-ce liquide ?
Je n'étais pas la seule à rougir... Lui aussi !
Un peu plus tard, après son intervention, je retourne dans sa chambre. L'odeur me prend au nez ! Et oui, un petit inconvénient de la coloscopie : les gaz ! (j'adore ce métier...)
"Mademoiselle, euh... c'est normal que... que je... enfin, que j'aie des gaz ?" 
"Oui, oui, totalement normal".
Je me suis précipité sur son dossier pour récolter des informations sur lui afin de savoir si nous avions des amis en commun. Je me voyais tellement mal le revoir en soirée ! "Hey mec ! Comment ça va ?! Ça va mieux les gaz ??"

samedi 16 juillet 2011

Alzheimer, tu me fais peur !



La maladie d'Alzheimer est bien-sûr très présente en maison de retraite. Elle est différentes selon le stade vers lequel la personne évolue, mais en gros, ça donne ça :

  • Au début, la personne oublie quelques petites choses. Elle perd ses affaires, ne sait plus où elle les a mises...
  • Puis, ça devient plus délicat. Elle fait ses besoins dans les coins de la pièce, range ses chaussures dans le frigidaire. Et de temps en temps, elle devient lucide, a totalement honte de ce qu'elle fait (ce qui peut se comprendre. On a beau être vieux, on veut garder un minimum de dignité !), déprime et a des crises de colère envers soi et les autres.
  • Ensuite, vient la phase que j'appellerai celle de délire. Le patient raconte n'importe quoi, fait n'importe quoi. Encore quelques moments de lucidités, plus rares cependant... Les souvenirs deviennent rares, la mémoire est de plus en plus courte. La personne peut devenir très agressive. 
  • Puis, vient la dernière phase : la personne est grabataire, ne peut plus manger toute seule, ne peut plus s'habiller, se laver, reste au lit toute la journée.
Bref, vous me direz "wahou, pas cool tout ça !", non en effet, vraiment pas !

Leçon numéro 1 : ne jamais sous-estimer la force des petites mamies anorexiques ! 

Ça faisait deux ou trois jours que mon stage avait commencé. Monique (une aide-soignante) me demande de l'aider pour la toilette de Mme C. Je rentre dans la chambre. Mme C était sur son lit, totalement recroquevillée. Elle était d'une maigreur atroce. Elle n'avait presque plus de cheveux, et n'avait que 3 dents. Sa chemise de nuit était mal-mise, elle était presque nue. Son pied était coincée dans une des barrières du lit.
"Bonjour Madame". Comme réponse, j'ai le droit à un grognement qui, d'après moi, signifiait plus du mécontentement qu'un chaleureux "bienvenue".
Monique me précise que la dame de parle plus du tout depuis environs deux ans.
Je m'attarde quelques instants sur les photos accrochées au mur. Des enfants et des petits enfants je suppose. Et tout en haut, une vieille photo en noir et blanc d'un très beau soldat et d'une magnifique femme très classe. C'était elle, il y a peut-être 60 ans... Quel changement ! (mon dieu, je ne veux pas vieillir !!!!)
J'aide donc Monique à la réalisation de la toilette. En fait, je ne fais que tenir les bras de Mme C afin qu'elle ne frappe pas l'aide-soignante.
Sa force me surprend. Elle doit faire à peine 50 kilos, et elle a plus de force que moi.
Ca me fait mal au coeur de la tenir comme ça. Elle se débat. Je n'ai pas l'impression d'être dans un établissement hospitalier. Plus dans un lieu de torture.
Soudain, Mme C approche sa tête de mon bras, et me mords. Je me retire alors brutalement mais elle attrape ma main et y enfonce ses ongles.
Réaction de Monique : "J't'avais prévenu qu'elle était brutale..."
Je m'en souviendrais, merci !

Leçon numéro 2 : ne pas oublier la double paire de gants, un tablier, des sur-chaussures et un pince-nez


Alerte ! Monique m'appelle. "Bon, Mme R s'est fait dessus. Prends un tablier, des sur-chaussures, et deux paires de gants". A ce point là ? J'vous explique le topo : Mme R, Alzheimer, très violente. Ne parle que pour dire non, ou pour insulter, est constamment nue car déchire ses habits, sa couverture est accrochée aux barrières car elle la jette, elle est encore plus maigre que Mme C, mais a encore plus de force ! C'est moche à  dire, mais je ne vois plus rien d'humain chez cette pauvre Dame. Dans sa chambre, il y a un drap blanc (enfin, il l'était...) accroché au mur. Cela m'a interpellé : "Pourquoi y a-t-il un drap sur le mur?". J'ai été choquée par la réponse : "Mme R balance sa merde contre les murs !" Oh my god !!! Chacun son délire hein !
Enfin bref, je rentre dans la chambre habillée tel un cosmonaute, avec Monique. Il y en avait partout ! Sur le lit, les barrières, le fauteuil, l'adaptable, les murs, par-terre, sur la patiente bien-sûr, son visage, ses jambes, ses mains. On fait quoi ? On lave la chambre ou la petite dame d'abord ? On a commencé par le fauteuil, puis par la dame, qui ne se laissait d'ailleurs pas vraiment faire. Je lui prends la main pour retirer tout ce qu'il y a sous ses ongles, elle me regarde droit dans les yeux et me lance un "NON" catégorique, suivi d'un très appréciable "Vas te faire foutre SALOPE!!!". En plus d'avoir les mains dans la merde, je me fais insulter !  
J'adore !
Nous avons eu beaucoup de mal à la transporter du lit vers le fauteuil. Finalement, après quelques gifles, coups de poings, morsures et insultes, nous avons réussi.
Monique n'a rien trouvé de mieux que d'asperger la pièce d'eau de Cologne pour cacher l'odeur. SUPER ! En plus de la merde, ça sent la mamie gâteuse !

Leçon numéro 3 : le lancé de couche est formellement interdit. Le local à produits ménager ne peut être utilisé comme sanitaires.


Mme J, un cadeau tombé du ciel ! Avec Mme C et Mme R, on savait qu'il fallait toujours faire attention. Avec  cette dame là, c'est totalement différent. La plupart du temps, elle est lucide. Elle aime qu'on la chouchoute, elle adore qu'on prenne soin d'elle. Elle n'est jamais vraiment naturelle dans ses actes afin de nous montrer que seule, elle ne pourra rien faire.
Quand elle n'est pas "lucide", elle fait des choses étranges. On croirait qu'elle est hantée par le diable (vous savez, comme dans ces films où le diable revient sur terre par l'intermédiaire d'une personne...). Elle est violente, insultante... Et quand elle revient à elle, elle ne se rappelle de rien du tout !

Un jour où je finissais mon service tard dans la soirée, je passe devant la porte de sa chambre à moitié ouverte. Il était environ 21h.
"Mademoiselle, s'il vous plait..." me dit-elle d'une voix tremblante, proche de l'agonie.
Je rentre donc dans sa chambre, toute souriante. "Oui Madame ! Qu'est-ce qu'il y a?"
"Je voudrais que vous m'aidiez à m'habiller pour aller me coucher s'il-vous-plait". Encore une de ses scène. Elle sait très bien s'habiller toute seule. Elle se sentait juste un peu seule. Ce que je peux comprendre !
Je lui fais donc remarquer qu'hier elle s'était très bien débrouillée toute seule, mais je reste quand même avec elle. Elle parle avec une lenteur infinie, soporifique... Je m'assoie donc dans le fauteuil à côté du lit afin de ne pas tomber de fatigue en l'écoutant.
Elle boutonne sa chemise de nuit (environ 30 secondes par bouton...).
"Pouvez-vous aller me chercher mon gilet qui est sur le bureau s'il vous plait ?"
Je lui réponds de faire un effort, que marcher jusque là-bas ne pourra pas lui faire de mal. Elle "essaie" donc de se lever du lit (toujours aussi lente), fait un pas, gémit et retombe sur le lit, à moitié en pleure, comme si "la fin était proche".
"Je n'y arrive pas ! Je ne sais plus marcher !" me dit-elle toute tristounette !
Je vais alors chercher son gilet. Je le lui donne, lui souhaite une bonne nuit, et la laisse seule dans sa chambre. Je sors de la pièce, laisse la porte à demi-ouverte et commence à me diriger vers le bureau des infirmières quand j'entends un cri derrière mon dos. Mme J était derrière moi, en face de sa chambre, elle criait comme une possédée ! Elle s'est penchée en avant, a déchiré sa couche, la balancée dans ma direction, et a couru (à une vitesse très raisonnable pour une femme de son âge) dans tout le couloir. Puis, elle est retournée dans sa chambre pour dormir. Pour une femme qui ne pouvait pas marcher la minute d'avant, je la trouve très en forme!

Quelques jours plus tard, alors que je m'occupais à retirer les champignons incrustés dans l'évier d'une salle inoccupée (un débarras qui aurait pu servir de salle de détente pour les résidents, mais bon...), Monique me demande d'aller lui chercher ses cigarettes dans son sac. ("Bien sûr Monique ! C'est vrai que ce que je fais en ce moment ne me plait pas assez, il faut en plus que je fasse ton larbin !"). Je vais donc chercher le paquet de cigarette de Monique quand je croise Mme J sortir de la petite pièce où l'on met les produits sanitaires. Elle ne dit rien, a l'air gêné. Je lui explique que ce n'est pas un lieu pour elle, elle me regarde, ne dit pas un mot, et retourne lentement dans sa chambre...
Je prends donc le paquet de Monique, et en repassant devant la petite pièce, je sens comme... l'explosion d'une fausse septique ? Une diarrhée collective en maternité ? Bref, quelque chose d'intense!!!
Je rentre donc discrètement dans la petite pièce, et admire "la chose"... Comment quelque chose d'aussi gros peut-il sortir d'une femme aussi petite ?
Je sors de la pièce, quelque peu dégoûtée ("ne tombe pas dans les pommes, ne tombe pas dans les pommes..."), et retourne à mon travail de champignons... Je tends le paquet à Monique et lui dit "au fait, il doit y avoir un problème de fausse septique, ça ne sent pas très bon dans le couloir !"
Elle va donc évaluer la situation, et trouve le trésor.
Je l'entends me dire "Je vais me fumer une clope. Commence à nettoyer cette merde, je viens t'aider à finir après". Mais c'est qu'elle est intelligente la Monique. Quand elle reviendra, j'aurais déjà fini ! Deux fois même !
"Désolée, j'en ai encore pour un bout de temps avec ses champignons, je voudrais finir ça avant de quitter !".
Et BIM ! Monique pas très contente !









Premier stage


Quoi de mieux qu'une maison de retraite pour se mettre dans le bain ? Surtout que le but de ce stage était de me familiariser avec le milieu aide-soignant. Au programme : des toilettes, des distributions de repas... Quelle joie (je précise, c'est ironique...) !!

J'étais dans un EHPAD (établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes). Pour résumer : une odeur toujours présente d'un mélange de selles, urine et produits ménager, des résidents pour la plupart tous Alzheimer,  un groupe d'aide-soignantes passant leurs journées à se plaindre de leurs horaires, de leur santé, de leur mari, de leurs enfants (de tout en fait...), une infirmière seule pour tout le service courant à longueur de journée pour ne pas laisser mourir trop tôt ces pauvres petits vieux, des escarres un peu partout (pour ceux qui n'en ont jamais vu, je vous laisse un petit aperçu : http://www.escarre.fr/soins-plaie/exemples-de-soins/a_etape1-2-3.php )... Bref, un stage fort en émotions.

Le plus dur a été de me faire accepter dans cette bande de filles. Il ne faut pas se leurrer, elles n'aiment pas les étudiantes infirmières, vouées à un avenir un peu plus aisé que le leur. Alors elles nous donnent les tâches ingrates qu'elles doivent faire, et que les infirmières ne font que pendant leurs études.

"Flavie (c'est mon prénom) ! Monsieur D. s'est fait dessus ! Y en a partout le lit, ça sent la merde jusqu'au bout du couloir. Tu peux pas y aller s'il te plait, je n'ai pas le temps (sous-entendu : je bois mon café là, j'ai pas envie d'y aller)". Oui bien-sûr Madame !!! J'aime tellement mettre mes mains dans les selles ! C'est ma plus grande passion !!! Je ferai ça avec plaisir !!! Je plaisante bien-sûr.
Au début, c'était très dur. Ce n'est pas le genre de choses qu'on a l'habitude de faire. Et puis finalement, on s'habitue à ces odeurs, elles deviennent supportables. Et puis au bout de plusieurs semaines, on ne les sent plus.

Ahhh qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour aboutir à ses ambitions !

Mes débuts à l'école


Je suis donc rentrée à l'IFSI (institut de formation en soins infirmiers) en septembre 2010. Beaucoup d'appréhensions : je ne me suis jamais retrouvée dans une classe dont la population est essentiellement constituée de filles. Je ne me suis jamais retrouvée dans une classe où les élèves ont entre 18 et 45 ans. Vais-je me faire des amis ? J'avais des apriori sur les élèves infirmiers. Une bande de gamines écervelées pas forcément intelligentes. Je me trompais totalement. Beaucoup venaient également de médecine, d'autres venaient de secteurs totalement différents (faculté de science, bac STG, école de commerce). La plupart des personnes que j'ai rencontrées étaient sûres d'une chose : le métier d'infirmier ne peut être qu'une vocation, et ces personnes l'avaient. J'étais loin d'être la plus douée dans cette bande d'étudiants.

Pour l'ambiance ? Et bien, la promotion, comme je l'ai déjà dit, étant essentiellement composée de filles, cela fut assez difficile de s'intégrer. Les ragots et les prises de tête furent présents toute l'année. J'ai donc fait en sorte de garder mes amis hors IFSI, afin de sortir de temps en temps de ce cocon féminin.

Durant cette année, il y a eu : des périodes de cours, deux périodes de stage, et deux périodes d'examens.
Parlons des examens : Oui madame, j'ai retenu la leçon, je ne m'y mettrais plus jamais la veille ! Moi qui pensais que ces études seraient faciles ! Beaucoup d'apprentissage, des travaux à rendre, le stress des stages, la pression des professeurs... Cette année fut difficile autant en terme de travail qu'en terme de moral ! Surtout que, contrairement à beaucoup de facultés ou d'écoles qui finissent les cours en mai, voire juin, nous finissons en juillet ! Cela a bouleversé mon existence ! Quel sadisme de leur part !!! Aller en cours alors que la moitié de vos amis sont déjà en train de bronzer sur une plage dans le Sud ! Non, ça je ne peux pas l'accepter !

Il faut devenir ce que l'on est, et non ce que l'on veut


Il n'y a jamais eu de doutes pour moi. Depuis que je sais marcher, je n'ai voulu qu'une chose :
"Maman, quand je serai grande, je serai médecin !". Et je n'ai jamais changé d'avis, jusqu'à ce que je me retrouve en faculté de médecine. Tous ces gens entassés dans des amphithéâtres trop petits, ces professeurs qui font leur cours sans attendre que l'on comprenne (pas tous, je généralise, désolée), ces mauvaises notes au tutorat... Moi qui sortait de mon petit lycée privé où, grâce à mes facilités, j'avais de supers notes sans travailler, la faculté m'a totalement anéantie ! Je suis passée de l'intello de la classe à la fille totalement débordée par le travail et ne comprenant rien.

La remise en question sur mon avenir était donc plus que nécessaire. Je ne suis pas une bosseusse, je ne supporte pas le bourrage de crâne ! Les études de médecine ne sont donc pas faites pour moi. Or, mon truc, c'est la santé ! Et dans ce domaine, il n'y a pas que les médecins ! J'ai alors cherché d'autres métiers touchant au médical, des études dans lesquelles il ne fallait pas passer par cette foutue PCEM1 !!!! Et après réflexion, c'était évident : j'étais faite pour être infirmière !

Des études en alternance, des cours portant sur le médical ET le social (que j'apprécie également beaucoup !), moins d'années d'études, une offre d'emploi importante, des possibilités de spécialisation, et surtout, des possibilité de partir faire de l'humanitaire (ce que je me suis promis de faire).

Je me suis donc mise à réviser pour le concours d'entrée. Je le pensais facile. J'ai tout de même beaucoup réviser pour l'avoir. Mes efforts ont été récompensés, car je me suis retrouvée dans le Top 10 du classement ! Quelle fierté ! Ne vaut-il pas mieux que je sois une bonne infirmière plutôt qu'un mauvais médecin ?