Après avoir fait le tour du service ambulatoire (oui, 5 semaines à prendre des tensions, c'est long !), on m'envoie en service de chirurgie ortho-neuro-plastie... Hum quel mot barbare ! Jamais entendu parler... Un service où l'on répare des nerfs au niveau des membres ? Encore tout faux ! C'était en fait un service de chirurgie orthopédique où l'on faisait également de la neurochirurgie (pas des trucs de ouf hein ! Que des moelles...) et de la chirurgie plastique (prothèses mammaires, liposuccion). L'excitation est à son comble ! Je vais enfin pouvoir faire des choses plus intéressantes que coller des étiquettes sur les dossiers des patients !
Pleins d'infirmières dans ce service, toutes aussi surbookées les unes que les autres... Et un infirmier. Rémi. A peine sorti de l'école. Doué, beau, gentil, professionnel... Rien de mieux pour apprendre en s'amusant !
Premier jour. Je ne suis pas encore très à mon aise. Trop de personnel dans ce service, je ne retiens pas les noms, je ne sais plus qui je dois tutoyer, qui je dois vouvoyer, je passe mon temps à répéter "Bonjour, Flavie, étudiante infirmière en 1ère année !", trop de patients (une trentaine de chambres), trop de tout !
Justine (une aide-soignante très... spéciale) me demande d'aider Monsieur A. à se laver et à s'habiller. Monsieur A., la cinquantaine, chef d'entreprise, hospitalisé pour une intervention au niveau de l'épaule.
"Bonjour Monsieur ! Avez vous besoin d'aide pour votre toilette ?" Tu m'étonnes qu'il ait besoin d'aide ! C'est pas tous les jours qu'une gamine de 20 ans en blouse blanche peut lui frotter le dos ! Il accepte avec plaisir, je l'accompagne jusqu'à la salle de bain, et lui lave toutes les parties du corps auxquelles il ne peut pas accéder.
"Sonner quand vous avez fini, je vous aiderez à vous habiller !"
J'y retourne donc, quelques minutes plus tard. Il était en slip sur son lit, en mode "dieux du stade", un bon sourire aux lèvres.
"Je n'arrive pas à mettre ma chemise avec cette atèle ! Vous pouvez m'aider ?"
Je commence donc le périple de l'habillage.
"Quel âge avez vous ? me demande-t-il.
- J'ai 20 ans.
- Et bien, mademoiselle, vous êtes bien jolie ! Si vous arrivez à mettre cette chemise sur moi, je vous invite à dîner !"
Le dilemme... Je finis de l'habiller, ou je simule un malaise ??!
Sympa comme accueil pour un premier jour !
Le rythme de travail était dur à tenir pour une flemmarde dans mon genre. Finies les journées de 8h. Bienvenue en chirurgie : 12h de travail par jour (avec une pause d'une demi heure le midi...). Bon, une journée comme ça, ça passe. Deux, ça devient dur. Au bout de trois jours de suite, c'est la catastrophe assurée.
"Flavie, tu peux venir dans la chambre de Mme L. s'il-te-plait ?". Arrivée dans la chambre, de l'urine partout le lit... "Flavie, tu as mis le bassin de la patiente à l'envers... Tu nettoies hein !"...
Les soins s’enchaînent, les infirmiers ont très peu de temps à me consacrer. Mais quand ils le prennent, je saute sur l'occasion.
"Flavie, tu as déjà fait un pansement ?" Euh, oui, sur les cloques quand j'achète de nouvelles chaussures...
En théorie, un pansement, ça n'a pas l'air compliqué ! Quoi de plus simple que de désinfecter une plaie et de mettre des compresses par-dessus ? En pratique, c'est différent.
De plus, étant la fille la plus maladroite du monde (oui, vous vous dites sûrement "heureusement qu'elle n'a pas réussi médecine, elle aurait été dangereuse en tant que chirurgien !"), je ne manquais jamais de faire tomber mes compresses, d'éclabousser tout mon chariot de bétadine, de tirer malencontreusement sur les perfusions (Aïe !)...
Une fois la technique en main, en plus de me charger de toutes les insulines du matin, je faisais également le tour de la plupart des pansements. Pas le temps de s'ennuyer !
On m'a également demandé de faire la distribution des médicaments le matin.
Les traitements sont préparés par l'infirmier de nuit pour chaque patient, mais il faut quand même vérifier s'il n'y a pas d"erreur avant de les donner. Je vous décrit le contexte :
Quand on m'avait annoncé dans quelle clinique et dans quel service je serais, je me suis dit "super ! Les patients seront moins vieux et moins malades qu'en maison de retraite ! Je vais pouvoir entretenir une certaine relation avec eux !"
Effectivement, je suis tombée sur des patients vraiment sympas ! Mais d'autres...
Mme K, atteinte de lombalgies aiguës...
"Aïe !!!!!!!!!! J'ai mal !!!! Donnez-moi quelque chose..."
Je regarde dans son dossier. Il est indiqué qu'en cas de douleur, il faut lui donner un dafalgan codéiné. Je prends donc un comprimé et le lui apporte avec le sourire. Elle le regarde, et me le jette à la figure.
"Vous croyez vraiment que ça va me faire effet ce truc ??!! C'est honteux ! Donnez moi de la morphine !"
"Je vais voir ce que je peux faire..."
Je sors de la chambre et en parle à l'infirmière. "La prescription, c'est la prescription. Je ne suis pas médecin moi."
Ok... merci !
"Madame, je suis déééééééééésolée. Je ne peux vous donner que ça pour l'instant". Je pose le comprimé sur sa table, et sort très vite de la chambre avant de recevoir quelque chose de plus lourd sur la tête...
Quelques heures plus tard, l'infirmière me demande d'aller prendre la glycémie de cette gentille petite dame.
Je rentre dans la chambre, avec mon grand sourire habituel. La petite dame à l'air de me faire la tête !
"Vous allez mieux ? Je viens prendre votre glycémie !"
Pas de réponse... Tant pis...
"Vous me donnez votre doigt s'il vous plait ?"
Dans un élan de générosité, la petite dame me tend son doigt, le majeur ... Elle me regarde droit dans les yeux, sans rien dire, sans cligner des yeux, avec un de ces regards qui te disent "Je ne t'aime pas, je te déteste. Je crois même que je vais te défoncer...".
A-t-elle fait exprès de me faire ce signe ? Je n'ose pas vraiment lui demander, et continue le "soin" avec mon petit sourire crispé cette fois-ci...
Le rythme de travail était dur à tenir pour une flemmarde dans mon genre. Finies les journées de 8h. Bienvenue en chirurgie : 12h de travail par jour (avec une pause d'une demi heure le midi...). Bon, une journée comme ça, ça passe. Deux, ça devient dur. Au bout de trois jours de suite, c'est la catastrophe assurée.
"Flavie, tu peux venir dans la chambre de Mme L. s'il-te-plait ?". Arrivée dans la chambre, de l'urine partout le lit... "Flavie, tu as mis le bassin de la patiente à l'envers... Tu nettoies hein !"...
Les soins s’enchaînent, les infirmiers ont très peu de temps à me consacrer. Mais quand ils le prennent, je saute sur l'occasion.
"Flavie, tu as déjà fait un pansement ?" Euh, oui, sur les cloques quand j'achète de nouvelles chaussures...
En théorie, un pansement, ça n'a pas l'air compliqué ! Quoi de plus simple que de désinfecter une plaie et de mettre des compresses par-dessus ? En pratique, c'est différent.
"Flavie ! Tu as passé ta main au dessus du champ stérile ! Tu n'as plus qu'à recommencer !"
"Non Flavie, avec ce docteur là, on désinfecte à la chlorhexidine, pas à la bétadine !"
"Alalah ! Tu ne comprends rien, il faut d'abord désinfecter le tour de la plaie, et ensuite la plaie elle-même"
"Ah mais non, là tu sais bien, c'est le contraire ! La plaie, puis le tour !"
"Tu as mis ta main trop près de la poubelle..."
"Attention, tu mélanges ta pince-plateau et ta pince-patient !"
Une fois la technique en main, en plus de me charger de toutes les insulines du matin, je faisais également le tour de la plupart des pansements. Pas le temps de s'ennuyer !
On m'a également demandé de faire la distribution des médicaments le matin.
Les traitements sont préparés par l'infirmier de nuit pour chaque patient, mais il faut quand même vérifier s'il n'y a pas d"erreur avant de les donner. Je vous décrit le contexte :
- Des petites boites remplies de pilules et de cachets sans leur emballage (donc impossible de savoir quel est le médicament...)
- Des génériques à gogo à n'en plus rien comprendre
- Une très soigneuse écriture de médecin en forme d'électrocardiogramme (c'est tellement plus marrant quand il faut déchiffrer !!!)
Quand on m'avait annoncé dans quelle clinique et dans quel service je serais, je me suis dit "super ! Les patients seront moins vieux et moins malades qu'en maison de retraite ! Je vais pouvoir entretenir une certaine relation avec eux !"
Effectivement, je suis tombée sur des patients vraiment sympas ! Mais d'autres...
Mme K, atteinte de lombalgies aiguës...
"Aïe !!!!!!!!!! J'ai mal !!!! Donnez-moi quelque chose..."
Je regarde dans son dossier. Il est indiqué qu'en cas de douleur, il faut lui donner un dafalgan codéiné. Je prends donc un comprimé et le lui apporte avec le sourire. Elle le regarde, et me le jette à la figure.
"Vous croyez vraiment que ça va me faire effet ce truc ??!! C'est honteux ! Donnez moi de la morphine !"
"Je vais voir ce que je peux faire..."
Je sors de la chambre et en parle à l'infirmière. "La prescription, c'est la prescription. Je ne suis pas médecin moi."
Ok... merci !
"Madame, je suis déééééééééésolée. Je ne peux vous donner que ça pour l'instant". Je pose le comprimé sur sa table, et sort très vite de la chambre avant de recevoir quelque chose de plus lourd sur la tête...
Quelques heures plus tard, l'infirmière me demande d'aller prendre la glycémie de cette gentille petite dame.
Je rentre dans la chambre, avec mon grand sourire habituel. La petite dame à l'air de me faire la tête !
"Vous allez mieux ? Je viens prendre votre glycémie !"
Pas de réponse... Tant pis...
"Vous me donnez votre doigt s'il vous plait ?"
Dans un élan de générosité, la petite dame me tend son doigt, le majeur ... Elle me regarde droit dans les yeux, sans rien dire, sans cligner des yeux, avec un de ces regards qui te disent "Je ne t'aime pas, je te déteste. Je crois même que je vais te défoncer...".
A-t-elle fait exprès de me faire ce signe ? Je n'ose pas vraiment lui demander, et continue le "soin" avec mon petit sourire crispé cette fois-ci...